Concertation et gestion durable des forêts
Depuis les années 1990, le concept de Développement durable habite peu à peu nos consciences individuelles ainsi que l'ensemble de nos orientations politiques et règlementaires européennes et nationales.La gestion durable des forêts
Les forêts sont elles aussi concernées par l'émergence du concept de développement durable. La gestion durable des forêts d'Europe est un objectif qui fait suite aux conférences ministérielles de Strasbourg (1990), Helsinki (1993) et Lisbonne (1998). L'objectif de ces conférences est de concrétiser l'action de l'Europe suite à l'approche planétaire et aux décisions prises aux sommets de Rio (1992) puis de Kyoto (1997). Une des principales conséquences de ces initiatives fût la prise en compte de la multifonctionalité de l'espace forestier. La reconnaissance de cette multifonctionalité a obligé d'intégrer des notions nouvelles dans le concept de gestion durable. Une bonne gestion forestière n'est plus considérée comme une gestion qui permet seulement d'assurer une production de bois continue, mais comme une gestion qui permet de transmettre un patrimoine aux potentialités intactes pour les générations futures. Il ne s'agit donc non plus de préserver seulement les fonctions de production de la forêt, mais aussi les fonctions écologiques et socio-économiques. Une liste d'indicateurs de gestion durable a donc été proposée par la conférence de Lisbonne, segmentant le problème en 6 Critères eux-mêmes déclinés en Indicateurs :Les processus de concertation pour la gestion durable des forêts
Au dela des 3 piliers économique, social et environnemental sur lesquels repose traditionnellement la notion de durabilité, la spécificité de la démarche d'aménagement durable réside certainement dans une approche concertée et participative autour des questions posées. Un système territorial aménagé de façon durable verra nécessairement au sein des groupes de travail (1) l'expression par les acteurs socio-économiques locaux de leurs attentes et (2) leur participation dans les prises de décision et dans la mise en œuvre des projets résultants.Le Conseil Supérieur de la Forêt :
Le Conseil Supérieur de la Forêt, des produits forestiers et de la transformation du bois participe à la définition et à la mise en oeuvre de la politique forestière. A cette fin, il concourt à l'élaboration de la stratégie de recherche en matière forestière. Il est associé au suivi du financement de la politique forestière nationale. Il est composé de membres du Parlement, de représentants des ministères intéressés, des collectivités territoriales et de leurs groupements, des établissements publics intéressés, des organisations professionnelles représentatives, des organisations syndicales de salariés du secteur ainsi que des intérêts associés à la forêt. Il remet au Gouvernement un rapport annuel sur le bilan économique et social de la filière de la production forestière, du bois et des produits forestiers. Celui-ci le transmet à l'Assemblée nationale. Dans les faits, bien que pouvant servir de lieu de revendication, son fonctionnement reste très administratif, et il n'y a pas de véritable débat sur la forêt, et surtout peu de place pour les utilisations non marchandesLes Commissions régionales de la forêt et des produits forestiers
Elles regroupent les administrations concernées, les représentants des industries du bois, des organisations de protection de la nature et des collectivités locales. La mission de ces commissions est la rédaction des Orientations Régionales Forestières (ORF) qui servent de référence pour la déclinaison de la politique forestière au niveau régional, en prenant en compte les particularités biophysiques et socio-économiques régionales. Dans la pratique, ces commissions se réunissent peu ou prou et aboutissent souvent à des documents n'offrant pas de véritables orientations profondes en terme de prise en compte par les acteurs économiques des contraintes écologiques.Les Conseils municipaux (lors de l'approbation d'aménagements forestiers)
Les aménagements forestiers des collectivités locales sont rédigés par l'Office National des Forêts (ONF) et soumis à l'approbation des collectivités propriétaires, et dans le cas de forêt communale, au conseil municipal. Les conseils municipaux sont donc l'un des rares endroits où est évoqué l'adéquation de la gestion forestière aux usages et aux attentes de la société. Cependant la tournure très technique et officielle de la présentation des aménagements forestiers fait que le débat est souvent tronqué, au bénéfice de l'expert censé avoir perçu toutes les attentes du groupe.Les documents d'Objectifs du réseau européen Natura 2000
Le processus de mise en place du réseau Natura 2000 est un exemple typique d'absence de concertation autour d'un objectif de protection. C'est ainsi que la première proposition de Natura 2000 qui a été faite sans la consultation des Elus, des propriétaires sylviculteurs ou agriculteurs et des autres acteurs locaux s'est soldée par un échec patent. Aujourd'hui et en tirant les lessons des erreurs passées, la démarche de rédaction des Documents d'Objectifs concertés semble plus prometteuse. Beaucoup de sites faisant l'objet de propositions à Natura 2000 comprennent des espaces forestiers. Il s'agit donc des rares zones forestières qui font vraiment l'objet d'une concertation multi-utilisateurs.Les entités de certification PEFC
La certification est venue bousculer le monde forestier dans son ensemble en lui rappelant la multifonctionalité des forêts, qui jusqu'à présent était majoritairement reléguée à la forêt publique. Avec la présence de trois collèges dans les entités de certification, dont un collège de consommateurs, on élargit fortement l'espace de concertation autour de la forêt. Cependant, l'objectif principal de la certification reste commercial, et toute la subtilité de l'exercice repose sur l'obtention d'un consensus à minima entre les partenaires, en occultant de fait certains usages de la forêt qui restent trop minoritaires.Le Projet " Ensemble pour Gérer le Territoire "
En répondant en 2001 à l'appel à projets " Ensemble pour Gérer le Territoire " émis par la Fondation de France, l'Institut Européen de la Forêt Cultivée (IEFC) proposait aux acteurs socio-économiques et aux usagers d'une petite région forestière d'échanger leurs expériences et leurs visions sur les moyens et les rôles de chacun pour la mise en œuvre d'un aménagement concerté et durable de leur territoire forestier.L'atelier " Collectivités Publiques et Aménagement Durable des Forêts "
La phase de consultation avec les usagers forestiers non sylviculteurs nous a permis de relever un éventail de propositions techniques et structurelles visant à accroître la concertation et la participation au plus grand nombre d'acteurs intéressés aux réflexions menées sur les questions d'aménagement durable de l'espace forestier. En guise de clôture du cycle de concertations sur l'aménagement durable des forêts, nous souhaitons que forestiers, usagers et décideurs politiques se rencontrent afin d'évoquer les 3 points présentés ci-dessous : (1) Les fruits des ateliers précédants seront restitués aux Elus. Ainsi les moyens de la concrétisation éventuelle des outils et des méthodes proposées par les gestionnaires et les usagers forestiers seront évoqués. (2) De part leurs fonctions, les Elus sont amenés à trancher entre les différentes alternatives d'aménagement quil uers sont proposées et qui émanent des aspirations d'acteurs de nature et d'intérêts divers. Les conséquences de leurs décisions concernent l'ensemble de acteurs socio-économiques. Lors de l'atelier, nous aborderons un certain nombre de questions traitant de l'aménagement rural que posent les groupes d'acteurs aux Elus locaux : - Accueil et pénétration du public en forêt (zones d'activités touristiques et de loisirs, zones de stationnement des véhicules, entretien des pistes forestières et des chemins de randonnées), - Gestion des milieux sensibles et notamment des zones repertoriées dans le réseau Natura 2000 (forêts riveraines, lagunes, dunes), - Suivi du développement de l'industrie du bois et notamment les conséquences envisageables pour la région en termes d'emplois et de développement économique, - Qualité de l'eau, - Prévention et protection du risque de feu de forêt. (3) Enfin, le rôle des collectivités publiques en tant qu'utilisateurs du territoire et des ressources naturelles sera également abordé (notamment sur l'utilisation de la ressource hydrique, sur le développement de l'urbanisation et des infrastructures dans le tissu rural, etc.).