Claire BROQUE

Jean-Paul GUYON

L’aménagement forestier en Aquitaine:
Indicateur des changements des pratiques de gestion

 

Résultats de l’enquête:

Perceptions et attentes en matière de gestion forestière


L’aménagement forestier : un concept en évolution reflet de la prise en compte de nouvelles attentes sociales des espaces forestiers

            L’aménagement forestier a longtemps fonctionné en vase clos, monopolisé par le corps des ingénieurs des Eaux et Forêts. Discipline ancienne mais évolutive, il consiste à adapter la gestion forestière aux attentes des hommes et reflète l’évolution sociétale. Ainsi, d’une finalité au départ utilitaire et économique fondée sur les notions de temps, d’espace et de coupe dans le but d’organiser l’espace dans une logique de production soutenue de la ressource ligneuse[1], l’aménagement forestier est aujourd’hui soucieux d’intégrer, pour répondre aux attentes multiples de la société, l’importance cruciale des questions d’environnement.[2]

Espace multifonctionnel, la forêt doit à la fois répondre aux fonctions économiques, écologiques et sociales. Les enjeux actuels de l’aménagement forestier consistent à ne plus faire de l’objet forêt un ensemble en marge des autres territoires mais à accepter de le considérer comme un espace de conflits et de fantasmes et à écouter les aspirations contradictoires d’une société de citadins.

La nécessité de la démarche participative dans la mise en œuvre des critères et indicateurs de « gestion durable » et son intégration dans la Loi d’Orientation Forestière de 2001 contribuent à transformer l’objectif initial de l’aménagement. (Gestion participative)

En conséquence, l’élaboration et l’application d’un aménagement forestier se résument à la mise en œuvre

d’une politique publique destinée à faire correspondre les actions sylvicoles aux attentes des acteurs et des utilisateurs de l’espace forestier.

 

On peut, selon la terminologie de Michel Foucault, définir l’aménagement forestier comme un dispositif.

Il s’appuie en effet sur un cadre législatif mis en œuvre par un réseau d’acteurs qui véhiculent des pratiques.

Réponse à un questionnement social, il a un sens dans l’action et possède une dynamique politique, qui s’articule, toujours au sens de Michel Foucault, entre volonté de savoir et volonté d’agir.

(Volonté de savoir et volonté d'agir)

Le changement de la politique de gestion fait évoluer, dans le contexte de gestion durable et de gestion participative, le dispositif de la décision individuelle à la décision partagée dont témoignent la mise en œuvre des Orientations Régionales Forestières, de la directive « Habitats », des Orientations Régionales de Gestion de la faune et des Habitats, de la certification forestière. Prenant appui sur une concertation de tous les acteurs de la filière et des divers groupes d’intérêts, ce processus contribue à faire évoluer l’aménagement forestier qui n’apparaît plus comme le fait des seuls forestiers, ces derniers qui se définissant aujourd’hui « comme des catalyseurs plutôt que comme des démiurges » ou comme des « médiateurs ».[3]

Nous avons donc mis en œuvre une recherche pour identifier, dans ce « nouveau contexte aménagiste », l’état de la situation dans les forêts d’Aquitaine.

Présentation de l’étude et du projet

Depuis trois ans, la gestion durable des forêts est entrée dans sa phase d’application sur le terrain. L’étude se justifie d’une part par la nécessité de disposer d’indicateurs pour le critère 6 de « gestion durable » et d’autre part, dans le contexte actuel de gouvernance, par la volonté des organismes de gestion et de l’administration de faire évoluer un modèle bureaucratique de gestion vers un modèle de gestion où participerait l’ensemble des acteurs de la forêt dont le public.

Cette recherche complète deux études traitant de la demande sociale en forêt et réalisées l’une en Aquitaine, l’autre en Pays Basque espagnol[4]. Elles ont permis une meilleure connaissance de la perception de la forêt par les professionnels et les non professionnels. La faible proportion des réponses des gestionnaires et des propriétaires nécessite la recherche d’un complément d’informations sur la représentation de la forêt par les professionnels ayant des compétences en matière d’aménagement et de gestion des forêts, d’autant plus que peu de données existent actuellement sur les attentes des propriétaires et surtout sur la façon dont les gestionnaires publics ou privés se représentent la forêt.

En conséquence, cette étude s’inscrit dans la réflexion actuelle de tous les acteurs et utilisateurs de la forêt sur la gestion participative pour l’ensemble des fonctions de la forêt.

L’objectif de cette investigation a consisté à inventorier les différentes représentations existantes de la forêt par les propriétaires et les gestionnaires, les différentes façons de produire et de mettre en œuvre un aménagement forestier, puis à dresser un état des lieux des attentes de ces acteurs en matière de gestion forestière. Le but étant de faire un état de ce qui rapproche les utilisateurs des décideurs, de comprendre les moyens par lesquels il est possible de faire évoluer les pratiques de la réalisation et de la mise en œuvre d’un Plan d’aménagement ou d’un Plan Simple de Gestion vers une gestion davantage participative et de proposer ensuite des moyens de co-construire les cadres d’une gestion participative

Matériel et méthode utilisés

Un échantillon de 40 responsables (politiques, professionnels, aménagistes, propriétaires, utilisateurs) ayant un lien avec la réalisation de l’aménagement forestier sur l’ensemble des forêts d’Aquitaine été interviewé. L’échantillon comprend les professionnels publics et privés de l’aménagement forestier, les responsables des structures forestières participant à l’élaboration de l’aménagement forestier, les propriétaires forestiers, les représentants des Syndicats de propriétaires forestiers, les collectivités locales, les industriels, les représentants des utilisateurs.

La démarche adoptée a consisté à observer les différentes façons de produire un aménagement forestier.

Nous avons pris le parti de regarder des acteurs en situation c’est-à-dire d’observer les pratiques en train de se faire et non d’objectiver les façons de produire un aménagement par un échantillon qui serait représentatif. En conséquence, les acteurs choisis reflètent la diversité des structures prenant part, de façon directe ou indirecte, à l’élaboration de l’aménagement forestier en Aquitaine.

 Les entretiens semi-directifs réalisés auprès des acteurs se déclinent en quatre grands thèmes (Perception de la forêt et de l’aménagement, procédure d’élaboration, transmission, contrôle et application de l’aménagement) correspondants à l’élaboration d’un aménagement forestier et à l’articulation entre volonté de savoir et volonté d’agir.

(Opinions et perceptions, préférences et attitudes)

Ils sont d’une part destinés à identifier les perceptions, représentations et pratiques des professionnels de l’aménagement et d’autre part, à comprendre les degrés possibles de participation de tous les acteurs de la forêt à la réalisation de l’aménagement.

Le traitement des données textuelles recueillies a été effectué à l’aide du logiciel SPAD afin d’en retirer, sous forme graphique, la pluralité des discours et des perceptions existantes en fonction des groupes d’acteurs.

 

Résultats de l’étude

1)- La perception de la forêt et de l’aménagement forestier

            La perception de la forêt

La forêt est pour l’ensemble des acteurs un milieu aménagé pour la production de bois, génératrice d’une ressource économique. Elle est le fondement de la compétitivité de la filière.

Globalement perçue comme un milieu monospécifique, productif, compétitif, ouvert et fragile, elle est, pour l’ensemble des acteurs interrogés, excepté pour les associations naturalistes, gérée de façon durable. Cette perception générale revêt diverses nuances en fonction du lien direct ou indirect aux pratiques d’aménagement et de la structure professionnelle dans laquelle l’aménagement est réalisé.

La forêt des politiques et des propriétaires est définie en tant qu’espace économique de production de bois.

Le discours des professionnels chargés de la préservation de la diversité biologique et des associations naturalistes s’oppose largement à celui des politiques et des propriétaires. Il est en revanche très proche de celui des représentants des utilisateurs notamment dans la mise en avant d’une forte thématique sur l’utilité de la préservation de la diversité biologique en forêt.

La forêt des représentants des utilisateurs et les associations naturalistes est une forêt décrite à deux échelles géographiques : à l’échelle du massif, c’est une forêt monospécifique « artificielle et uniforme », mais à l’échelle de la parcelle ou de la propriété, cette forêt est riche de biodiversité ; de façon moindre toutefois qu’en forêt feuillue.

Les représentants des utilisateurs considèrent la forêt comme un espace de loisir ; les associations naturalistes en tant qu’objet d’étude.

Pour les acteurs du tourisme, la forêt s’apparente à un paysage en mouvement, qui se structure et se déstructure. Patrimoine des sylviculteurs, elle possède un aspect environnemental essentiel en terme de détente et de production d’oxygène.

Entre ces deux images qui s’opposent, la forêt des aménagistes est un écosystème où, les fonctions sociales et environnementales. (« Loisirs, paysage, biodiversité ») tiennent une place aussi importante que la fonction de production. Ce caractère multifonctionnel est surtout affirmé par les forestiers publics.

         La perception de l’aménagement forestier

Les professionnels privés et publics de l’aménagement évoquent immédiatement le document de gestion, les politiques en parlent de façon très globale, à l’échelle du massif et en terme de compétitivité par rapport aux autres forêts.

Le plus généralement défini comme un ensemble d’actions organisant l’espace en vue d’une production rationalisée de la ressource ligneuse, l’ensemble des acteurs, excepté les associations naturalistes, le considèrent comme efficient et réussi. La production de bois est le déterminant de l’aménagement forestier.

Les propriétaires ont un lien matériel à l’aménagement forestier.

Pour les politiques, l’aménagement est un lieu d’exercice du pouvoir.

Pour les professionnels de l’aménagement, il est défini en terme de rédaction d’un document d’aménagement.

Pour les forestiers publics, il est aussi synonyme d’outil de dialogue avec le propriétaire pour qu’il se réapproprie sa forêt.

Pour les coopératives, il est un outil de coopération avec le propriétaire.

Les associations naturalistes, les représentants des utilisateurs, et les professionnels chargés de la conservation de la biodiversité, soulignent le « manque de communication » sur la forêt et l’aménagement. Ils ont un lien idéel à l’aménagement et souhaiteraient participer à son élaboration pour qu’il soit le lieu d’expression de leurs souhaits.

2)- L’aménagement forestier : contenu et élaboration.

Les aménagistes et les professionnels ont un lien administratif et technique à l’aménagement. L’élaboration de l’aménagement forestier s’appuie sur l’application de « directives, de procédures, de législations », la réalisation de « cartes » mais aussi, pour les forestiers publics sur le respect d’une norme ISO et sur une « relation-client ».

Pour les propriétaires, le contenu de l’aménagement se résume aux différents travaux et actions mis en œuvre pour la production de bois et la minimisation des contraintes parmi lesquelles le morcellement de la propriété forestière demeure citée en priorité.

Pour les politiques, l’élaboration de l’aménagement forestier est synonyme de recensement des attentes pour accompagner l’avenir de la filière.

Les professionnels du tourisme, les représentants des utilisateurs et les associations naturalistes dont les préoccupations concernent la prise en compte des fonctions environnementales et sociales de la forêt participent de façon indirecte à l’aménagement forestier dans le cadre d’un processus de concertation dont les Comités de Pilotage Natura 2000, la mise en place de la Charte de Gestion Durable en 1999, Orientations Régionales de Gestion Forestière (ORF) et enfin les Orientations Régionales de Gestion de la Faune Sauvages et des Habitats (ORGFH). La concrétisation de leurs réalisations est indissociable d’une part de « négociation », et dans certains cas de « lobbying ».

3) –La transmission et la validation de l’aménagement forestier.

         Le circuit de l’aménagement forestier

Pour les professionnels de l’aménagement, le circuit décrit par l’aménagement forestier, de son élaboration à sa mise en œuvre est un circuit fermé autant en forêt publique qu’en forêt privée. Il comprend néanmoins des phases de concertation notamment en forêt publique lors de l’élaboration de l’aménagement et également en forêt privée dans le cadre d’une forêt aménagée par un expert ou une coopérative.

La validation est effectuée par la hiérarchie en forêt privée comme en forêt publique:

Pour les représentants des utilisateurs, les actions mises en œuvre pour la fonction récréative en forêt doivent être validées par le propriétaire.

Pour les politiques, la validation s’effectue de façon démocratique par « un vote », lors de « séances plénières », qui déterminent le degré financier de « l’intervention ».

         L’existence de la concertation et de la négociation dans la mise en œuvre de l’aménagement forestier

L’élaboration de l’aménagement forestier, pour chaque groupe d’acteurs interviewés, est indissociable d’une part de négociation ou de concertation. Cette dernière apparaît comme un élément fondamental de l’action des aménagistes publics, des responsables, des élus. La politique forestière et environnementale régionale nécessite, pour son élaboration et son application, la participation de tous les aménagistes. (« Orientations Régionales Forestières, Orientations Régionales de Gestion de la Faune et des Habitats »)

La rencontre de tous les acteurs doit déboucher sur un compromis pour remédier à de fortes contraintes.

L’action des politiques et des professionnels est synonyme « d’intégration des demandes, de dialogue, de compromis, de consultation. » La concertation obligatoire et la négociation sont à la base de leur action. Mais ils soulignent toutefois la nécessité et l’importance « d’identifier, d’authentifier » les demandes. Ils regrettent le manque de communication sur le bois et d’unité de la filière.

Les propriétaires mentionnent la pratique d’une négociation à propos de la mise en œuvre de la directive Habitats « Natura 2000 », de la certification, des « écologistes » et de la vente des bois. « Industriels, vente ». La concertation à propos des mesures de conservation de la nature est loin d’être perçue comme un élément indispensable, de même que pour leurs représentants. Certains propriétaires pensent qu’elle doit être développée entre eux dans une optique de revendication des prix de vente des bois.

Pour les représentants des utilisateurs, les mots « concilier » et « adeptes » marquent leur volonté de faire prendre en compte leurs demandes dans l’aménagement forestier. Cette concertation leur paraît indispensable pour l’appropriation des diverses mesures liées à la biodiversité.

4)- L’application de l’aménagement forestier et le retour de l’action

         L’application de l’aménagement forestier

Pour les propriétaires, l’application de l’aménagement forestier consiste à mettre en œuvre les connaissances acquises lors des sessions FOGEFOR ou les conseils prodigués par le « technicien » du Centre Régional de la Propriété Forestière. La participation aux actions de Défense des Forêts Contre l’Incendie fait également partie intégrante de l’aménagement.

L’expérience du forestier confirme la validité et l’applicabilité de l’aménagement.

Pour les politiques, responsables et décideurs, dont le discours est entrepreneurial, l’application de l’aménagement se fonde sur du relationnel.

Pour les professionnels de l’aménagement et de la conservation de la diversité biologique, la mise en œuvre technocratique repose sur  l’application de la législation en vigueur et des techniques de gestion forestière.

Les professionnels chargés de la prise en compte de la biodiversité, les représentants des utilisateurs et les associations naturalistes participent de façon indirecte à l’aménagement forestier dans le cadre d’un processus de concertation. Ces acteurs réalisent des actions de connaissance approfondie et de visite des milieux forestiers et élaborent des « propositions ».

         Le retour de l’action

Le retour de l’action est généralement positif pour l’ensemble des acteurs, excepté pour les propriétaires et les représentants des utilisateurs.

5)- L’avenir des forêts d’Aquitaine

            Une inquiétude générale est ressentie à propos de l’avenir de la forêt, particulièrement pour le Massif des Landes de Gascogne Elle est liée à l’existence d’une crise conjoncturelle et structurelle accentuée par la tempête de 1999, dont les séquelles sont encore présentes.

Globalement, l’avenir des forêts d’Aquitaine est entrevu à travers l’option bois. Mais certains acteurs pensent que l’on s’achemine vers une augmentation des fonctions environnementales et sociales et vers une diversification des produits non-ligneux. Il semble que l’on s’oriente également vers un « cantonnement des fonctions » au sein de l’espace forestier régional

Le discours des politiques et des responsables est un discours entrepreneurial.

La perception des propriétaires reste mitigée. La « concurrence » des massifs forestiers étrangers est ressentie et crainte.

Pour les experts-forestiers, les utilisateurs et les professionnels du tourisme, le discours est plus technique. Ils évoquent un « changement de mentalité » lié à la diffusion de « l’écologie », et à la « tempête ».

Le discours des professionnels de l’aménagement témoigne d’un acheminement d’une prise en compte plus importante des fonctions environnementales et sociales ainsi que d’une diversification possible des revenus compatibles avec la fonction de production de bois.

Conclusion

L’aménagement forestier s’apparente de plus en plus à un dispositif de « démocratie dialogique » à petite ou à grande échelle, en forêt privée comme en forêt publique. En fonction des échelles géographiques ou du lien à la propriété, il s’appuie sur un processus de discussion et de recensement des attentes.

Or, l’aménagement forestier est un dispositif où différents groupes d’acteurs articulent leur volonté de savoir et leur volonté d’agir. En conséquence, ses conditions de réalisation et de mise en œuvre finissent par en faire un instrument qui échappe à sa fonction première de contrôle de la production des biens et des services de la forêt. Ce dispositif tend ainsi à devenir le lieu de la mise en forme des demandes des groupes d’intérêts.

Ce n’est pourtant pas le cas actuellement en Aquitaine et ce, autant en forêt publique qu’en forêt privée : la fonction productive de la forêt reste prédominante, les attentes sociales ou environnementales des propriétaires étant peu ou mal formulées.

Des acteurs extérieurs, surtout porteurs de projets naturalistes, travaillent toutefois à faire valoir leurs intérêts dans les décisions d’aménagement.

La mise en œuvre d’actions de conservation des milieux naturels donne lieu à de larges processus de concertation entre propriétaires, gestionnaires et aménagistes en forêt privée. L’existence d’une concertation en matière de prise en compte des fonctions environnementales n’est pas le fait des aménagistes privés et publics mais d’un mouvement extérieur qui les enjoints à concerter.

La forêt est un lieu où les industriels exercent leur pouvoir. Les aménagistes véhiculent des techniques de gestion permettant d’adapter les pratiques de gestion forestière aux débouchés industriels. L’avènement de groupes d’intérêts à caractère environnemental redéfinit les actions de vulgarisation technique et tend à déposséder le propriétaire de ses prérogatives notamment de celui du droit de propriété.

Il ne semble pas qu’il y ait aujourd’hui des conditions favorables et voulues à une rédaction à plusieurs mains de l’aménagement forestier en forêt publique comme en forêt privée mais on observe l’émergence de volontés de co-construction de normes à une échelle plus grande que celle de la forêt (Chasse, DFCI, ORF et la Charte de Gestion durable)

Pour les porteurs de projets naturalistes, une mutation se dessine dans les façons de produire. L’éradication des feuillus est moins systématique, et les sylviculteurs commencent selon eux à intégrer d’autres objectifs que la production de bois. Il semble que l’écologie se diffuse progressivement.

Certains propriétaires souhaitant, pour rentabiliser davantage leur forêt, mettre en œuvre des actions de diversification par le biais de locations de chasse ou de développement de produits non-ligneux. La prise en compte de la fonction sociale reste difficile en raison du fort risque incendie.

Il semble enfin que l’on s’oriente au niveau régional vers une spécialisation des territoires forestiers en raison de l’existence d’une volonté politique de ne soutenir la production de bois qu’en forêt landaise en raison d’un aménagement forestier rationnel, efficient et d’une filière bois bien intégrée. Ainsi, les fonctions environnementales et sociales restent pour l’essentiel cantonnées en forêt publique ou dans les Parcs Naturels Régionaux.

Les règles d’aménagement génèrent des contraintes fortes pour tous les acteurs impliqués. Or, on remarque toutefois, que dans le cadre d’une action collective reconnue d’intérêt général comme celle de la Défense des Forêts contre l’Incendie, ces règles sont acceptées par tous. Or, dans le cas d’une action individuelle revendiquée par un seul groupe d’acteurs, ces règles sont perçues comme contraignantes. Ainsi la fonction récréative au sein de l’espace forestier, en raison des risques qu’elle suscite, ou la conservation de la diversité biologique dans le cadre de l’application du projet Natura 2000, sont loin d’être unanimement acceptées. Cela vient bien confirmer la nature du lien existant entre la Volonté de Savoir et la Volonté d’Agir. Les comportements collectifs et individuels limitent les Volontés de Savoir et les Volontés d’agir.


[1] « Schématiquement, l’aménagement organise la forêt dans l’espace et prévoit dans le temps les dates et l’importance des coupes. » (Huchon, 1975) cité par Paul Arnoult in « Histoire et mémoire des aménagements forestiers », Ingénieries, numéro spécial « Aménagement forestier », 2002, pp. 9-20.

[2] Actuellement, il est définit en tant « […] qu’étude et document sur lesquels s’appuie la gestion durable d’une forêt dans le cadre de la politique forestière nationale. A partir d’une analyse du milieu naturel et du contexte économique et social, l’aménagement forestier fixe les objectifs à long et moyen terme de la gestion sylvicole. Il détermine l’ensemble des interventions souhaitables pendant une durée de 10 à 30 ans, à l’issue de laquelle il fera place à un nouvel aménagement forestier : on parle alors de révision de l’aménagement. » (Degron, 1999) in Paul Arnoult, Op. cit,.

[3] D’après deux entretiens réalisés auprès de professionnels privés et publics de l’aménagement forestier.

[4] Ces études ont été réalisées en 2002 par Nicolas Le Louët pour l’Aquitaine et par Nekane Jausoro pour le Pays basque espagnol.